Institué en 1744 par l’Université de Paris, le Concours Général des métiers se compose d’une série d’épreuves pour récompenser l’excellence dans différentes disciplines. Depuis 1995, les élèves de terminale des sections professionnelles et apprentissage sont sélectionnés pour passer une épreuve théorique, puis pratique, et enfin, les premiers du classement sont récompensés à la Sorbonne.
Les candidats composent sur des sujets conformes aux programmes officiels mais dans le cadre d’épreuves plus exigeantes et plus longues que celles du baccalauréat. En 2017, 56 candidats étaient inscrits à l’épreuve écrite pour la discipline plasturgie et composites. Parmi eux, seulement 9 candidats ont été sélectionnés pour passer la finale des épreuves pratiques. Les épreuves se sont déroulées au lycée Charles Alliès à Pézenas. 3 techniques ont été mobilisées sur place : l’injection, l’extrusion, et le composite (RTM light) pour une durée de 2h30 chacune.
À quelques jours de la remise des prix à la Sorbonne, la Fédération de la Plasturgie et des Composites est allée à la rencontre de l’un des candidats finalistes. Chez les Moriet, la plasturgie semble être une histoire familiale. Rencontre à deux voix avec Adam, en Terminale Bac Professionnel Plastiques et Composites au Lycée Jean Chaptal, à Amboise, et son père, Vincent, gérant d’ID Production, une TPE experte dans la conception et la production de pièces par injection haute et basse pression.
Adam, le Concours Général… Comment vous est venue l’idée, l’envie ?
Adam : Je m’intéresse depuis que je suis tout petit à la plasturgie. Mon père est dans le métier, déjà, à 10-12 ans, j’allais à l’usine, je regardais ce qui se passait et j’étais curieux. C’est une chance qu’il soit dans le métier, car je ne sais pas si j’aurais trouvé ce que je voulais faire aussi rapidement.
Je suis en Terminale Bac Pro Plastiques et Composites au Lycée Jean Chaptal, et mon prof d’atelier m’a proposé de le faire… Je me suis lancé !
Vincent : J’étais super fier qu’il fasse partie des 200 pour l’épreuve théorique, et qu’il sorte dans les 9 pour les épreuves pratiques… Encore plus fier !
J’ai vu qu’il avait tout mis en œuvre pour y arriver, et l’évolution de la quantité de travail fourni pour relever le challenge !
Comment se prépare-t-on pour passer cette épreuve ?
Adam : Déjà, j’ai reçu beaucoup d’aide ! Au lycée, mes profs ont donné beaucoup de leur temps libre pour me préparer. Un exemple tout bête, le labo, j’ai pu m’y entraîner à plusieurs reprises, ils se sont montrés très disponibles pour m’accorder du temps et m’expliquer !
J’ai aussi la chance de pouvoir aller à l’usine d’ID Production sur mon temps libre, et d’avoir mon père qui m’explique un certain nombre de choses dans la pratique. C’est très complémentaire de ce que j’apprends en cours.
Je me suis aussi préparé en révisant le programme, bien sûr, et en m’entraînant sur les épreuves précédentes.
Comment les épreuves se sont-elles déroulées ?
Adam : J’ai d’abord passé les écrits, et j’ai été sélectionné pour l’épreuve pratique, à Pézenas.
Sur deux jours, il y avait trois épreuves cette année : injection, infusion et extrusion en ligne. Pour chacune des épreuves, il y avait aussi un dossier à rendre, pour expliquer ce qu’on avait fait dans la pratique.
Sur les 9 sélectionnés, seulement 2 ou 3 iront à la Sorbonne, j’ai fait quelques erreurs, mais j’ai l’impression de m’être bien débrouillé… On verra par rapport aux autres ! Mais j’ai envie de faire honneur à mes profs, à mon père, à tous ceux qui m’ont aidé en fait, et qui m’ont appris le métier.
Vincent : Je suis plus confiant que lui, il a identifié pas mal de pièges… Quoiqu’il arrive je suis très fier. On parle beaucoup de plasturgie ensemble, et c’est une passion et une implication de tous les jours, pour lui comme pour moi.
Et après le concours ?
Adam : L’an prochain, je commence un BTS Europlastics et Composites en alternance au Lycée Jean CHAPTAL. Je suis super content, car ma candidature a été retenue chez Plastivaloire. C’est un gros groupe, je vais pouvoir apprendre plein de techniques que je ne connais pas encore…
Et après… L’ISPA à Alençon, toujours en alternance !
Vincent : Je crois qu’il faut beaucoup soutenir l’alternance, et les lycées qui proposent ce type de cursus… Les jeunes apprennent un métier, et voient rapidement si cela leur plait ou non. Pour un jeune comme pour un employeur, c’est une belle expérience, et la certitude de ne pas se tromper d’orientation.
Vers quel type de métier vous orientez-vous ?
Adam : C’est encore un peu tôt, mais je m’imagine bien travailler dans un centre d’essai, ou dans la conception et l’innovation…
À votre avis, la réalité métier évolue ?
Adam : Les matériaux changent et les techniques évoluent… Alors forcément !
Vincent : L’industrie en général évolue en même temps que la société. Aujourd’hui, on est dans une société de l’immédiateté, et aussi dans une société qui se responsabilise. Cela impacte la plasturgie… La production évolue et doit répondre à des délais très serrés : cela passe par l’automatisation, mais aussi une autre organisation du travail (achats, planification, …). Sur la responsabilisation, la plasturgie est en ligne de mire pour l’aspect environnemental. Il y a déjà de nouveaux matériaux et donc, de nouveaux process… Tout cela va encore évoluer, pour avoir davantage de performance, de qualité, mais aussi un impact environnemental réduit. On voit en ce moment même naître des bio-composites, de l’impression 3D, etc. Et tout cela n’est pas fini !