Dans le cadre de l’examen en commission du projet de loi sur la transition énergétique, les députés viennent d’adopter un amendement écologiste visant à interdire les « gobelets, verres et assiettes jetables de cuisine pour la table en matière plastique sauf ceux compostables et constitués, pour tout ou partie, de matières biosourcées ».
Une décision désastreuse et contreproductive sur le plan environnemental
Il ne faut pas confondre compostable et naturellement biodégradable ! Les plastiques compostables actuellement disponibles sur le marché ne se biodégradent pas dans la nature. Ils doivent être collectés et traités dans des unités de compostage industriel. En l’absence d’une telle filière de compostage industriel, la vaisselle plastique à usage unique finira dans des unités de valorisation énergétique, ou pire encore, dans la nature…. Absurde à l’heure où l’ensemble de la filière plastique travaille – de concert avec les pouvoirs publics – à la collecte et au recyclage de ce type de produits.
Les industriels dénoncent une mesure contreproductive en matière de valorisation des déchets et de lutte contre les déchets sauvages. « Si les consommateurs confondent compostage et biodégradabilité, ils pourraient abandonner dans la nature de la vaisselle compostable qui ne se dégradera pas. Cette mesure est contre-productive en matière de respect environnemental.» résume Jean Marc NIGOND, Président de la NAVSA (Chambre Syndicale Nationale de vente et services automatiques).
Une interdiction techniquement inadaptée
Aujourd’hui techniquement, le caractère compostable des gobelets et des assiettes n’est pas conciliable avec le contact des produits chauds. L’interdiction de la vaisselle jetable d’ici 2020 est donc techniquement inadaptée, notamment pour les usages où la vaisselle à usage unique est choisie en substitution de la vaisselle classique pour des raisons d’hygiène (hôpitaux…), de sécurité (prisons…), ou de praticité (collectivités, distributeurs automatiques…)
Une absurdité économique
L’obligation de recourir uniquement à de la vaisselle plastique compostable serait une mesure très coûteuse pour les consommateurs, dont les pouvoirs publics (hôpitaux, cantines, prisons…). On observe un rapport de 2 à 6 fois plus cher selon le type de produits concernés par rapport au plastique traditionnel. En outre cette mesure mettrait en danger l’emploi de plus de 650 salariés qui travaillent aujourd’hui dans ce secteur dynamique.
« Au-delà de la perte sèche en emploi sur notre territoire, c’est toute une filière industrielle relocalisée, et en forte croissance, qui serait abattue alors même que les industriels qui la font vivre ont su résister à la concurrence en produisant des biens de qualité, en innovant, en faisant travailler les plus grands designers et contribuant ainsi au rayonnement de la France. » précise Françoise GERARDI, Déléguée Générale d’ELIPSO (entreprises de l’emballage plastique et souple).
Les industriels réclament le retour à une mesure cohérente et adaptée
Les Sénateurs avaient proposé une autre rédaction qui créait une obligation de tri à la source et faisait entrer la vaisselle jetable dans un modèle d’économie circulaire. La proposition du Sénat est une solution responsabilisante pour les acteurs concernés. Les Sénateurs sont en effet dans une logique d’écologie positive visant à améliorer la collecte et la valorisation des déchets plastiques par une prise en charge des industriels eux-mêmes. L’interdiction de la vaisselle jetable par l’Assemblée annule cet impact environnemental et crée des conséquences désastreuses sur l’emploi. « En tant qu’acteurs français de la filière, nous demandons un retour à la rédaction initiale du Sénat lors des prochains débats en séance des 19 et 20 mai prochains. Il en va de la survie d’un secteur et des emplois qui vont avec sur tout le territoire français. » souligne Jean MARTIN, Délégué Général de la Fédération de la Plasturgie et des Composites.