Il devient de plus en plus fréquent de trouver les bouteilles d’huile d’olive sous antivol dans les rayons des supermarchés en Espagne. L’Espagne fait face à la sécheresse depuis trois ans déjà. Ce qui a fortement réduit la récolte d’olives et la production de ce produit de base au pays.
À cause de cela, les Espagnols ont également dû faire face à l’augmentation du prix d’huile d’olive. Serait-elle alors en phase de devenir un produit de luxe chez eux ?
Les locaux se plaignent de la forte augmentation du prix d’huile d’olive
Rappelons-le, l’huile d’olive ou or vert constitue une base pour les plats traditionnels espagnols. Les locaux l’utilisent crue pour l’assaisonnement des salades, pour graisser les planchas, ou encore cuite pour faire les bains de friture des calamars. Malheureusement, les Espagnols font actuellement face à une forte augmentation du prix de l’huile d’olive vierge. Doublant en un an, cette hausse est vécue comme un véritable drame à l’échelle nationale.
Sidéré, Roberto Sanchez, 70 ans, qui avait l’habitude d’acheter la bouteille à 5 euros, fait actuellement face à des étiquettes valant 12 euros. Voyant l’offre spéciale à 10 euros chez Carrefour de Majadahonda, l’homme a décidé de faire ses provisions.
De son côté, Mariana, 46 ans, a décidé de réduire sa consommation de moitié et de passer aux marques blanches. Si auparavant, la mère de 2 enfants finissait une bouteille par semaine, elle se contente désormais d’une toutes les 2 semaines.
La sécheresse : principale cause de cette flambée des prix en Espagne
Parmi les causes de l’augmentation du prix de l’huile d’olive, il y a notamment la sécheresse. Durant 2 années successives, l’Espagne a fait face à une sécheresse historique qui a durement affecté la production. Il faut en effet préciser que cela représente 673 000 tonnes de moins sur la récolte de la campagne 2022-2023. Ce qui représente une chute de 55 % par rapport à la campagne précédente.
Pour cet agriculteur de 58 ans, José Gilabert, l’effet du changement climatique est évident. Comme il l’a souligné, cela fait trois ans que les alternances de périodes de sécheresse dure, avec des températures qui battent des records.
D’ailleurs, en ce début d’octobre, le thermomètre affiche encore 36 °C au pays, soit 10 °C de plus que la normale de la saison. Au début du mois de septembre, il avait plu et les agriculteurs avaient eu l’espoir d’améliorer la campagne 2023-2024. Malheureusement, cela n’a pas duré, ce qui devient inquiétant pour eux.
À cette récolte minime, qui est la « pire du siècle », s’ajoute en plus la flambée des prix de l’électricité, des carburants et des fertilisants. Ce qui a logiquement fait suite à l’augmentation de leurs frais fixes.
Le prix du litre d’huile d’olive beaucoup moins cher ailleurs qu’en Espagne
Selon les précisions de l’organisation de consommateurs Facua, l’augmentation du prix de l’huile d’olive représente 42 % depuis le début de l’année en Espagne. En effet, il est passé de 6,91 euros le litre en moyenne en début janvier à 10,34 euros en début septembre.
Selon le rapport de l’OCU, une autre association de consommateurs espagnole, cette augmentation est nettement supérieure à celle enregistrée dans les pays voisins. D’ailleurs, certains Espagnols vont désormais s’y approvisionner. Selon l’organisation, l’huile d’olive est actuellement 27 % moins chère chez les Portugais. Pareillement en France, les prix sont inférieurs de 16 % par rapport à ceux pratiqués dans les supermarchés en Espagne.
La ministre de l’Économie Nadia Calviño, mobilisée face à la situation
La ministre de l’Économie de l’Espagne sait combien l’augmentation du prix de l’huile d’olive inquiète de plus en plus les ménages. Face à la situation, lors d’une interview, elle a d’ailleurs appelé les professionnels du secteur à faire des efforts et de contenir leurs prix. Pour cela, elle a évoqué le plan anti-inflation que le gouvernement a décidé en 2022. Ce qui implique pour les professionnels concernés de baisser le coût de la TVA de 10 % à 5 % sur la bouteille d’huile d’olive .
De son côté, le ministre de l’Agriculture du pays a lui aussi évoqué la nécessité de mise en place de mesures pour le contrôle de la chaîne de production. Cependant, cela doit se faire en garantissant qu’aucun abus ne sera commis. Il faudra en plus enquêter sur les éventuelles spéculations, comme l’a livré l’OCU dans un communiqué.
En attendant, espérons que ce qu’a avancé le ministre de l’Agriculture Luis Planas se réalise. Il estime en effet que la récolte 2023-2024 devrait être légèrement meilleure. Néanmoins, les Espagnoles devront tout de même s’attendre à ce qu’elle soit inférieure au cap symbolique du million de tonnes, pour la deuxième année consécutive.