Lors du journal télévisé de TF1, le président des Restos du Cœur avait alarmé le public. D’ici 3 ans, sans aide de l’État et des grandes entreprises, les Restos du Cœur faire faillite.
Les détails de cette révélation sur TF1
Sur le plateau du journal télévisé de TF1, un dimanche soir, Patrice Douret, président des Restos du Cœur a dénoncé une situation insupportable et inédite depuis 1985 (la création de l’association par Coluche). À un tel niveau que s’il n’y a pas de changement d’ici 3 années, alors la fermeture est envisageable. C’est une nouvelle dramatique pour les plus d’1 million de bénéficiaires des Restos du Cœur;
Un pilier du secteur caritatif français, l’association distribue tous les jours près de 400.000 repas. Par rapport à l’année 2022, ce nombre est en hausse de 35 % alors que l’année 2023 est encore loin d’arriver à la fin. De plus, la période hivernale sera la plus intense pour l’organisation.
Pour cet hiver, Patrice Douret a évalué à 150.000 le nombre de personnes qui viendront aux Restos du Cœur et qui seront refusées alors qu’avant la crise, elles auraient été acceptées. La raison ?
“Il manque 35 millions d’euros, soit un peu moins de 20 % du budget annuel de l’association pour finir l’année”.
Quelles sont les explications à ces difficultés ? Eh bien, il y en a 3.
L’inflation : chaque semaine, un ticket de caisse à 5 millions d’euros
Auparavant, au mois de mai, Patrice Douret avait publié une tribune alarmiste sur l’intensification de la précarisation de certains Français et in fine des Restos du Cœur à cause de l’inflation.
“Cet hiver, nous avons accueilli 22 % de personnes supplémentaires par rapport à 2022. C’est la hausse la plus massive et la plus rapide à laquelle notre association doit faire face depuis sa création, il y a près de quarante ans !”
À l’opposé de ce qu’on pourrait penser, l’augmentation des prix n’a pas engendré une diminution des collectes alimentaires et dons financiers.
“Nous ne souhaitons absolument pas culpabiliser nos donateurs qui continuent de répondre régulièrement présents”, souligne l’organisation auprès de Capital.fr.
Durant la période 2021-2022, 576,3 millions d’euros ont été récolté par les Restos du Cœur, dont 1,5 % proviennent des ventes de billets et produits dérivés du spectacle des Enfoirés ; les 21 % viennent des subventions et des concours publics ; quant aux 74 %, ils sont issu de la générosité du public.
Il s’avère que les Restos du Cœur sont soumis au prix du marché, car ils achètent 1 tiers des produits distribués.
“En quelques mois nous avons vu notre budget hebdomadaire doublé, passant de 2,5 millions d’euros en décembre dernier à 5 millions d’euros aujourd’hui”, selon l’association.
Il semble que les acteurs de la grande distribution ont entendu l’appel à l’aide lancé le dimanche soir. Du moins, 2 d’entre eux se sont manifestés depuis, il s’agit de Carrefour et Intermarché.
Le directeur de ce dernier, a communiqué des dons s’élevant à 1 million d’euros. Et aussi l’ouverture de jours de collecte supplémentaires. Le jour d’après, c’était le tour du grand patron de LVMH, Bernard Arnault et sa famille d’annoncer le versement d’une aide de 10 millions d’euros à l’organisation.
“Cette contribution d’urgence répond à l’appel lancé par l’association, qui demeure à la recherche de fonds complémentaires pour finaliser son budget annuel”, énonce la famille dans un communiqué.
Augmentation de la précarité
Environ 60% des bénéficiaires vivent avec 560 euros par mois. Certes, l’inflation a causé une grande partie de l’instabilité financière des Restos du Cœur, mais elle évoque surtout une tendance croissante qui se prouve au fil des ans. Depuis le début de l’année, l’association a réceptionné 1,3 million de personnes, contre 1,1 million l’année 2022.
“Sur l’ensemble des personnes qui bénéficient de nos actions, 60% vivent avec la moitié du seuil de pauvreté, soit environ 560 euros par mois. C’est 10% de plus que l’an dernier. Parallèlement à cela, 50% d’entre eux ont moins de 25 ans et 40% ont moins de 18 ans. Et à côté de ça, nous recevons de nouveaux profils que l’on accueillait pas auparavant comme les travailleurs précaires, jeunes et moins jeunes… Nous sommes donc confrontés depuis trois ans à des situations toujours plus compliquées et qui demandent toujours plus de moyens”, avait résumé un employé de l’organisation avec émotion.
Durant et après le Covid, les associations caritatives et humanitaires ont toutes vu leur nombre de bénéficiaires explosé. Contrairement à leur budget. Et ensuite l’inflation a en plus enfoncé le clou de la précarité en France, et accentuant l’importance de ces structures.
Selon les Restos du Cœur, cette situation ne peut se clarifier qu’en œuvrant “ensemble avec les pouvoirs publics”, qui jusqu’ici ne réagissent pas.
Des pouvoirs publics : aux abonnés absents
D’après l’association, elle regrette que :
“Cela fait bien longtemps que nous n’avons pas eu un dialogue avec les pouvoirs publics”.
“Maintenant, la balle est dans leur camp”, et il semble que l’État l’a saisi. Juste après l’intervention de Patrice Douret, la ministre des Solidarités, Aurore Bergé a annoncé qu’elle allait libérer 15 millions d’euros pour venir en aide aux Restos du Cœur. Et avec cela s’ajoute une enveloppe de 6 millions d’euros dédiés à l’achat de lait infantile et de couches à destination des enfants les plus démunis.
Yves Mérillon, le porte-parole des Restos du Cœur a réagi à cela et a affirmé sur France Info :
“C’est très en deçà, (…) il faudra beaucoup plus”
Avant d’ajouter :
“Sur ces 15 millions d’euros, il y en a 10 qui étaient déjà dans le tuyau, donc la vraie augmentation est de 5 millions d’euros.”
Équivaux à tout juste 1 cinquième de la somme manquante. D’autant plus, si les Restos du Cœur fait faillite, cela causerait un report des bénéficiaires vers d’autres associations qui sont aussi touchées par la crise du Covid et l’inflation.
“Nous ne sommes pas seuls dans cette situation et nous avons tous besoin de réponse (et d’action). La question qui se pose est quand nous prendrons nous au sérieux ?”.